Le sujet n’avait jamais auparavant été évoqué. Comment vous comportez-vous lorsqu’il s’agit de prendre la parole en public ? Etes-vous armés pour gérer votre stress ? Formés pour avoir de l’impact ? Ces difficultés à prendre la parole ont-elles été un frein à votre évolution de carrière ? Parler en public n’est pas chose aisée.   

Nous l’avons tous vécu. Ce stress la veille de prendre la parole lors d’un séminaire, une réunion stratégique, la mauvaise nuit, la gorge qui serre, les bouffées de chaleur… Et enfin le jour J, où quelques minutes avant de se lancer, nous avons la désagréable impression de ne plus savoir rien faire, rien connaître.

Un sujet tabou dans la vie professionnelle

Dévoiler vos peurs, avouer votre stress lorsque vous prenez la parole en public est pour beaucoup considéré comme une faiblesse, pour ne pas dire un tabou. Impossible ou pour le moins très difficile de vous confier sur ce sujet à votre collègue sur vos difficultés, vos peurs, vos doutes.
Selon un sondage exclusif Kantar, une grande majorité (68%) éprouve de la peur et ressent du stress lorsqu’il s’agit de prendre la parole en public. Ils parlent mais souffrent. En revanche, 44% des personnes interrogées indique qu’ils ne prennent jamais la parole. Evidemment, certaines professions ne nécessitent pas de prendre la parole en public. Mais ce pourcentage semble pourtant exorbitant. Y aurait-il en plus de 68 % de stressés, des salariés qui s’auto-censurent ? Vous savez ceux qui esquivent, trouvent tous les subterfuges pour ne pas avoir à affronter cette épreuve, celle de parler en public.

Voilà peut-être pourquoi ce sujet de la prise de parole en public n’est pas adressé. Les DRH ne savent pas où le ranger. Ce n’est pas une hard skill, on ne peut pas la ranger dans les outils de QVT, elle n’est donc pas une priorité. A chacun de se débrouiller avec sa voix, son corps, sa timidité, ses angoisses. Un sujet, laissé pour compte, mal adressé, un sujet dont on ne sait finalement pas quoi faire.
Ce sondage le dévoile, plus on est jeune, plus la difficulté est importante, plus l’angoisse est prégnante lorsqu’il faut parler en public. Avec l’âge et l’expérience, la prise de parole devient plus aisée. Mais en regardant de plus près cette étude, les catégories intermédiaires sont, quel que soit leur âge, soumises au même stress qu’un jeune diplômé. Seuls les cadres ayant connu une progression professionnelle semblent par leur position hiérarchique s’être mis à l’abri du stress pouvant découler d’une prise de parole.

Un sujet qui nait lors de la scolarité

D’autant que le deuxième enseignement de ce passionnant sondage est l’absence de formation au cours de la scolarité. A l’école, on écoute, mais on ne s’exprime pas en public. On note, on noircit des pages, mais on ne nous exerce pas à devenir éloquent.
L’école primaire, le collège, le lycée dispensent encore trop souvent leur pédagogie « top down ». Le professeur professe et l’élève écoute. 66 % des personnes interrogées déclarent ne jamais avoir reçu de formation à la prise de parole en public et 9 % ne s’en souviennent pas. Ceux-là ont donc participé à une formation, mais elle fut si peu inspirante qu’ils n’en ont rien gardé.

Un manque de confiance qui provoque des dégâts

Enfin ce manque d’intérêt pour la prise de parole en public des institutions éducatives, mais aussi de nos entreprises, peut engendrer d’énormes dégâts. Pour 37 % d’entre eux, cette faiblesse pour certains, ces difficultés pour d’autres, à prendre avec aisance la parole face à un public, véritable handicap, ont entraîné des conséquences sur leur vie professionnelle et aussi personnelle. L’une n’aura jamais pu exprimer ses propositions qui auraient permis par exemple d’améliorer la productivité d’une ligne de production ou tout simplement d’apporter sa contribution aux transformations de son entreprise.
Combien de destins professionnels, de promotions ratées, combien de rendez-vous manqués, de belles histoires qui n’ont jamais pu plus éclore, faute d’avoir osé s’exprimer à l’oral. Peut-on passer à côté de sa vie parce qu’à un moment précis vous n’avez pas su prendre la parole et changer le cours de votre vie ?

Les institutions scolaires, les dirigeants d’entreprise et les DRH doivent se fixer comme objectif de remédier à cette situation et d’aider les personnes à être plus à l’aise, efficaces et performants quand vient le moment de s’exprimer en public. Une bonne préparation mentale et les bons outils de la prise de parole peuvent permettre sont les deux faces d’une même pièce pour permettre de trouver la bonne énergie, pour donner des ailes. A l’oral.