Si vous pensiez être seul·e à subir les plaintes ou les petites manies insupportables de votre n+1 ou de votre voisin·e de bureau, pas d’inquiétude : les comportements toxiques en milieu professionnel semblent importuner une écrasante majorité de travailleuses et de travailleurs. Une étude réalisée par monCVparfait s’est penchée sur la question en sondant plus de 1000 personnes. Ses résultats vont vous surprendre.

Qu’est-ce qu’un·e collègue toxique ?

Mais si, vous savez bien ! Cécile de la compta qui n’est jamais là quand on a besoin d’elle… Ou alors Fabrice, le commercial, qui adore nous faire du mansplaining, alors qu’on ne lui a rien demandé ! Les collègues toxiques, ce sont toutes ces personnes sur notre lieu de travail dont on a envie de remettre les pendules à l’heure, d’un point de vue professionnel comme personnel.
Même si la grande majorité (93 %) des personnes interrogées a déclaré apprécier ses collègues, 80 % ont aussi dévoilé compter au moins un·e collègue toxique dans leur équipe. Dans la majeure partie des cas (50 %), il s’agirait même plutôt de trois ou quatre personnes… Aïe ! C’est donc mal parti pour conjurer l’angoisse du dimanche soir.

Les comportements jugés désagréables tiennent parfois simplement de la manie un peu agaçante, comme les coups de téléphone à plein volume dans l’open space. Néanmoins, ils peuvent aussi souvent être source de conflits, voire de mal-être : quand on a affaire à quelqu’un que l’on ne supporte pas sept heures par jour, cinq jours par semaine, le moral et la productivité peuvent en prendre un coup. Fait inquiétant, 72 % des répondant·e·s ont avoué vouloir démissionner à cause du mauvais comportement de certain·e·s collègues.
Concrètement, les attitudes décriées dans l’étude englobaient aussi bien les relations interpersonnelles que le travail en lui-même.
Pour la première catégorie, sont désignés comme « pires collègues » ceux qui :
– font circuler des commérages
– mentent
– sont en permanence dans la négativité et se plaignent de tout
– étalent leur vie privée
– sont bruyant·e·s
– sont hautain·e·s ou arrogant·e·s
– étalent leur savoir
– intimident les autres
– manquent d’hygiène

Alors, si personne n’est surpris du fait que l’arrogance soit peu considérée, il est tout de même intéressant de constater que les pires défauts, mentionnés respectivement dans 27 % et 26 % des cas, étaient la négativité et la propension à colporter les ragots.
Mais, plus grosse surprise encore, le manque d’hygiène n’était dénoncé « que » dans 21 % des cas, juste avant le fait de vouloir « étaler son savoir » (18 %). Il semble donc que les messieurs je-sais-tout et autres têtes-en-l’air qui oublient le brossage de dents aient de beaux jours devant eux…
Concernant les défauts strictement professionnels, bon nombre d’entre nous ne pourrons qu’être d’accord avec le top 3 des comportements détestés selon l’étude :
– accuser les autres de ses propres erreurs
– arriver toujours en retard
– déléguer ses responsabilités à autrui

Non seulement personne n’a envie de faire le travail des autres, mais ramasser leurs pots cassés à leur place, c’est non également ! Cependant, il convient de souligner que les collègues toxiques relèvent de bien plus que de bonnes histoires à raconter à la pause déjeuner. Notre travail peut réellement en pâtir.

Un impact sur la productivité

S’agit-il de ces e-mails superflus qui s’accumulent dans votre boîte de réception de jour en jour ? Ou doit-on aborder les réunions avec votre boss, qui vous occupent 30 heures sur 35 ? Quelle que soit leur manifestation, vous êtes nombreux et nombreuses à être freiné·e·s par les comportements toxiques de vos collègues.

En effet, près d’un quart (24 %) des répondant·e·s est dérangé plusieurs fois par semaine par ses collègues, et une proportion alarmante, à 22 %, l’est quotidiennement.
Plus précisément, les répondant·e·s à l’étude susmentionnée font état d’une vie professionnelle difficile, d’une concentration et d’une patience mises à mal, voire clairement d’envies de démission.
Quand on connaît les effets du stress sur le vieillissement de la peau et des organes, on ne peut qu’espérer que ces personnes disposent d’une bonne routine de décompression.

Mais des effectifs démotivés peuvent également coûter très cher aux employeurs, qui risquent de voir la productivité et les gains d’efficacité diminuer à vue d’œil, sans compter les éventuels coûts associés à un fort turnover.

Si selon monCVparfait, la stratégie de l’évitement est adoptée en grande majorité (89 %), presque trois quarts (72 %) des personnes interrogées ont déjà envisagé de quitter un emploi à cause de relations toxiques sur le lieu de travail, et une proportion similaire (73 %) a déjà jeté l’éponge par le passé et changé de travail pour ces mêmes raisons.

Le salut se trouve-t-il dans le télétravail ?

Pour perdre moins de temps à planifier ses pauses-café afin d’éviter Jean-Jacques du 3ᵉ, le télétravail peut-il constituer une modalité salvatrice ?
La réponse n’est pas claire.
En effet, 41 % des répondant·e·s ont assuré moins souffrir lorsque leurs collègues travaillent à distance. Un chiffre non négligeable, à ressortir peut-être face à la réticence de certains employeurs à généraliser cette pratique. Mais il ne faudrait pas y voir la solution à tous nos maux. Il semble que les mauvais collègues soient résilients et, malheureusement, 58 % des personnes ayant répondu à l’enquête sont toujours insatisfaites de leurs collègues, télétravail ou non !

Les pires comportements en télétravail qui ont été rapportés incluent le fait de répondre trop tardivement (elle a bon dos, la pause entre midi et deux qui justifie votre absence prolongée du chat) ; de poser des questions incessantes par message et par téléphone (pour une fois qu’on préfèrerait une réunion…) ; mais surtout, le refus d’apprendre à utiliser la technologie, les processus et les outils nécessaires. Ce dernier point était jugé inacceptable par 26 % des participant·e·s.

Comme dans toute relation, la clé, c’est la communication !

Ces chiffres ont tendance à tous pointer dans la même direction : personne n’est réellement à l’abri d’être un·e mauvais·e collègue de bureau. Les efforts doivent être collectifs si l’on souhaite améliorer la qualité de vie de chacun·e sur le lieu de travail.
À ce propos, les réactions des répondant·e·s semblent aller dans ce sens : plus de huit sur dix ont déjà tenté de discuter des mauvaises habitudes de télétravail avec leurs collègues concerné·e·s. Une proportion similaire s’est expliquée en face à face concernant les comportements toxiques en présentiel.

Néanmoins, il peut être difficile de gérer soi-même la confrontation, ou d’arriver à échanger de manière posée lorsque l’on est directement touché·e. Une situation peut vite s’envenimer si le comportement désagréable se transforme en harcèlement, par exemple. Des relations tendues entre collègues sont susceptibles de dégénérer sans une intervention externe. Une possible solution est de s’adresser à son ou sa supérieur·e hiérarchique pour contenir et régler le problème. C’est ce qu’ont fait 80 % des répondant·e·s à l’étude.

Si cette voie est inenvisageable, le service des ressources humaines doit pouvoir apporter son appui en cas de conflit, et fournir des voies de résolution. Ces situations sont délicates, et il est avisé d’en confier les rênes à des professionnels de la question, ou tout simplement d’impliquer une tierce personne pour faire office de médiateur ou de médiatrice.

Quelles solutions pour la paix au bureau ?

Avec toutes ces données chiffrées attestant de la toxicité du monde professionnel, on pourrait vraiment en venir à désespérer ! N’y a-t-il donc aucun moyen d’échapper aux collègues toxiques ?

Étant donné la diversité du groupe d’étude sur les plans de l’identité de genre, de l’âge ou des années d’expérience professionnelle, il est normal d’obtenir de tels résultats. La subjectivité des réponses et les autres limites de l’étude entrent aussi en jeu. Oui, la génération Y a été désignée par 43 % des participant·e·s comme étant la plus insupportable, mais n’est-ce pas également celle qui compose le plus gros de la population active ?
La principale conclusion à tirer de cet exercice est qu’il nous faut tous et toutes faire attention à nos comportements en milieu professionnel. Ce qui dérange nos voisin·e·s ne sera peut-être pas évident pour nous. Ce type d’étude peut servir d’excellent point de départ pour aider les dirigeants à peaufiner leur culture d’entreprise, ou simplement la façon dont l’intégration et l’orientation des nouvelles recrues sont envisagées.

Le monde du travail est en constante évolution depuis 20 ans, et a connu de fortes accélérations ces trois dernières années. Comment prédire les tendances en matière de comportements toxiques ? Qui sait, peut-être que le bureau du futur se construira sur la base de tests de compatibilité, et que les mauvais·e·s collègues ne seront tout simplement que des collègues mal assorti·e·s ! En attendant, bougez-vous la souris sur Teams, restez positif·ve et n’embêtez plus vos subalternes !
Collègues toxiques credit Depositphotos_ZigicDrazen




Article précédentEst-il possible d’acheter une voiture de fonction en tant qu’auto-entrepreneur ?
Article suivantPendant les Fêtes, poursuivez vos démarches pour trouver un nouveau job
Artemis Rive, Rédactrice Web
Avant tout linguiste, passionnée de français et de langues étrangères, traductrice polyglotte, elle porte un vif intérêt au milieu du travail en France comme à l’international. Se servant de son expertise linguistique et de ses influences multiculturelles, elle écrit sur le monde de l’emploi et ses codes, pour aider et conseiller les candidates et candidats de tous horizons. Elle a très à cœur l’égalité des genres, la diversité et l’inclusion, piliers d’un marché du travail équitable pour tous. Installée à Londres, ses spécialités incluent le développement international et l’accompagnement personnalisé. De par ses voyages et sa formation de traductrice, Artémis connaît l'importance que peuvent revêtir le texte, le sous-texte et l'image, aussi bien pour les personnes qui lisent que pour celles qui écrivent.