Dans l’économie française, l’hôtellerie-restauration est un géant. Sixième employeur de France avec 3% de l’ensemble des salariés du pays et deux millions de français qui en vivent et près de 200 000 entreprises pour près de 10% du PIB national. Forcément, lorsque la crise est apparue, et plus particulièrement que le confinement s’est mis en place en, tous les regards inquiets se sont tournés vers ce secteur. L’hôtellerie-restauration a été parmi les secteurs les plus touchés la crise du Covid-19, autant pendant le confinement alors que seuls 5% des hôtels sont restés ouvert, qu’à la réouverture avec de nouvelles règlementations sanitaires avec des applications sur le terrain d’une rare complexité. Mais la mobilisation des professionnels a permis de reprendre une activité soutenue dès les premiers jours du déconfinement à rebours des prévisions les plus pessimistes.

Le 16 mars 2020, le couperet tombe : le Président Macron annonce le confinement dans l’Hexagone. La mesure était bien sûr attendue – elle avait déjà été mise en place dans plusieurs pays comme l’Italie le 9 mars et l’Espagne le 15 – mais elle laisse quand même le pays dans un état de stupeur. Personne ne sait à quoi s’attendre, ni comment s’y préparer. La suite, c’est une série de mesures drastiques visant à stopper le plus rapidement possible la progression du virus, éviter l’engorgement du système de santé tout en protégeant au mieux l’économie à la veille de l’été. Une véritable course contre la montre s’engage avec la mise en place d’aides de l’Etat dont l’éligibilité des entreprises a été rendue plus simple. L’inquiétude grandit pour les secteurs d’activités qui dépendent de la présence physique des clients, notamment l’hôtellerie-restauration et poids dans l’économie française.

En manque de repère, et souvent en manque d’information, les professionnels du secteur sont dans les premières semaines du confinement, totalement perdus sans savoir à quelles aides ils ont le droit ni comment en faire les demandes ni même comment fonctionne l’activité partielle.

Réaction et adaptation

Pourtant, les chiffres brossent un portrait de la situation, bien plus optimiste qu’on peut le penser. Fautes de données générales, nous disposons de nos propres remontées de terrain et des chiffres de nos clients. Et les chiffres parlent. Sur la période officielle des deux mois de confinement, soit du 18 mars au 11 mai, « seuls » 24% des établissements que nous accompagnons ont totalement arrêté leur activité, à savoir zéro heure de travail sur les deux mois. L’habillement, est le secteur le plus touché avec 41%, puis vient l’hôtellerie-restauration (33%), la restauration rapide (32%) et enfin le commerce de nourriture de détail qui n’a connu aucun arrêt d’activité pendant les deux mois de confinement. Évidemment, beaucoup d’établissements ont profité de cette période pour entreprendre des tâches de support telle que la gestion de stock.

La reprise, une réalité

Nos clients ont connu une baisse drastique du chiffre d’affaire – divisé par dix pendant le confinement – mais qui a repris pour atteindre un tiers de la « normale » dès la semaine du 11 mai et un niveau légèrement inférieur à la normale dès la fin mai et début juin. Même constat du côté de l’activité des établissements : au 31 mai, 19% des établissements que nous accompagnons restaient fermés. Mais en seulement quinze jours, ce pourcentage tombait à 6% pour ensuite atteindre 2% lors de la dernière quinzaine de juillet.

La clef, la flexibilité

Les professionnels ont très vite compris qu’il fallait s’adapter à la nouvelle réalité s’ils voulaient pouvoir profiter du tourisme estival. « Le digital était extrêmement important avant. Après le Covid, il l’est encore plus ! » a expliqué par exemple Sébastien Bize, Vice-président UMIH 33 section Hôtellerie – Propriétaire de l’hôtel Le Burdigala. Lors d’un webinar à propos des bonnes pratiques pour continuer d’opérer, il invitait justement les professionnels du tourisme et de la restauration à faire preuve d’une grande flexibilité en termes de paiement, remboursement et check-in/out tout en renforçant l’expérience client sans augmenter les tarifs, ainsi qu’en communiquant au maximum.
Cette stratégie a été payante, car l’utilisation du mécanisme de chômage de partiel avait baissé de 44% par rapport à la première semaine de mai, 73% la première semaine de juillet et 82% la première d’août, selon nos calculs.

Le secteur de l’hôtellerie-restauration, pilier de notre économie, a défié la logique et surtout les prédictions les plus sombres. Il a montré qu’il était capable de réagir vite, de s’adapter et de surmonter. Il est évident que l’intervention de l’Etat, à travers les aides, a joué un rôle considérable. Il est maintenant très important de poursuivre l’effort engagé pour aider cet acteur majeur à remonter la pente, en favorisant le tourisme national et continuant de soutenir les professionnels. Il en va de notre modèle culturel.