Capitaliser sur ses compétences plutôt que sur un métier unique

Sommes-nous encore définis par notre métier ? La réponse est bien plus nuancée que cela. Crise oblige, nous avons dû imaginer de nouvelles manières de travailler, voire de rebondir, en reprenant notre vie professionnelle en main, en nous appuyant sur nos compétences. Celles-ci ont donc peu à peu remplacé l’activité sur l’échelle des valeurs, donnant lieu à des profils qualifiés qui exercent dans des domaines multiples et variés. Une diversité qui s’est accentuée avec la révolution numérique, qui transforme profondément les métiers à travers l’automatisation. On parle même de slash generation, une génération qui ne se définit plus par l’âge mais par le fait d’exercer plusieurs métiers au cours d’une vie, voire dans une même période. Cette révolution a également amené un nouveau prérequis sur la scène de l’emploi : la capacité à fonctionner « en mode projet ». Seules les compétences que nous mobilisons pour faire aboutir un projet sont recherchées. Les compétences, qu’elles soient hard* ou soft**, sont désormais la clé pour s’adapter à un monde changeant. Dans certaines entreprises, les dirigeants encouragent même l’hybridation des compétences : c’est le cas pour le métier de community manager, qui a dû s’enrichir d’une compétence en création de contenus (textes, vidéos, infographies) et a donné lieu à un nouveau métier, plus englobant, celui de social manager.  Une tendance qui est appelée à se généraliser et à se reproduire un nombre incalculable de fois, à l’instar des secteurs d’activité.

S’inscrire dans une logique d’apprentissage

Outre la diversité, la carrière se définit à présent par ses phases d’évolution et de renouvellement, caractérisées par l’apprentissage. Il est donc plus enrichissant, quel que soit notre niveau d’expérience, d’apprendre auprès des plus expérimentés, qui ont relevé des challenges et en ont tiré des leçons. Les jeunes générations, plus agiles que leurs prédécesseurs, constituent également une précieuse source d’apprentissage. Nés dans un monde changeant et donc taillés pour s’y faire une place, les Millenials*** peuvent faire office de guides, notamment en ce qui concerne l’évolution des usages numériques. Pour stimuler sa capacité d’apprentissage, le maître mot est le réseau, vivier de compétences à nourrir grâce aux différentes plateformes professionnelles existantes. On peut ensuite souscrire aux différentes offres de formation. On peut également s’adonner à la sérendipité, cette pratique nouvelle qui consiste à s’ouvrir aux différentes sources d’informations puis à les trier en fonction de ses objectifs. Dans un monde où l’obsolescence programmée touche également les compétences, l’apprentissage doit être un mode de vie, et non uniquement une étape, pour garder la main sur le volant de sa carrière.

L’échec : une route détournée vers la réussite ?

Toute nouvelle aventure professionnelle comporte un risque d’échec. Bien que difficile à appréhender, cette réalité doit être prise en compte. Elle doit surtout être dédramatisée : si l’échec peut être le signe d’une erreur de gestion ou d’aiguillage, elle fournit en revanche de nombreux renseignements sur nos failles et notre capacité de résilience. A tel point que les jeunes entreprises et les chasseurs de tête regardent d’un œil plus optimiste les candidats ayant déjà échoué au cours de leur carrière. Preuve vivante de notre capacité à nous remettre en question et à rebondir, l’échec est d’ailleurs devenu une composante essentielle des success stories des entreprises. Un esprit jeune et doté de plasticité, en somme, qu’il importe de garder si l’on veut mener une carrière satisfaisante à l’ère du numérique. L’échec est d’ailleurs l’un des principes moteurs du machine learning : l’intelligence artificielle s’améliore en apprenant constamment de ses erreurs. Dans un monde dirigé par la donnée et les techniques d’intelligence artificielle, l’adéquation d’un profil avec un poste se mesurera non seulement en fonction de ses compétences, mais également à l’aune de sa capacité de résilience. La remise en question n’est donc utile que si elle s’accompagne d’une volonté de rebondir autrement.
Le monde professionnel actuel n’a dorénavant plus grand-chose en commun avec celui qui l’a précédé. Le rapport entre seniors et juniors tend à s’inverser, les plus jeunes maîtrisant mieux le changement rapide et permanent. Il faudra faire preuve d’une plus grande ouverture d’esprit, et s’équiper des outils nécessaires pour être acteur, plutôt que spectateur, d’un contexte en perpétuelle évolution.

*Hard skills : compétences techniques (analyste données, data scientist, etc).
**Soft skills : compétences relationnelles et émotionnelles, davantage recherchées à l’heure où les compétences techniques s’accompagnent d’une automatisation des tâches.
***Millenials : nom donné à la génération née avec les outils numériques.

Marc Feddersen fait ses classes à l’université de Sherbrooke à Québec. Par la suite, il rejoint l’Europe où il lance et développe avec succès des business dans le numérique. Après être passé par le groupe Kering et Travelex, il intègre en mai 2017 Autobutler pour lancer la place de marché dédiée à l’entretien automobile en France.