Combattre le danger des Réseaux sociaux exige un certain constat. L’humain est fondamentalement l’être vivant le plus social, et plusieurs théories peuvent expliquer cela. L’une des plus connues est la hiérarchisation des besoins d’Abraham Maslow, développée en 1943. Une série d’études menées par des chercheurs de Harvard sur plus de 75 ans a révélé que les êtres humains qui sont heureux sont ceux qui entretiennent des relations sociales de qualité tout au long de leur vie.
En 1932, Bertrand Russell affirme en conséquence que quatre heures de travail par jour suffiraient à faire vivre toute la population dans un confort suffisant, tandis que le reste du temps serait consacré aux loisirs, à l’oisiveté. Il explique dans Review of Reviews, un essai très court, que la diminution du temps travaillé est non seulement souhaitable, mais rendue possible grâce aux progrès techniques.

Le temps, ressource vitale la plus demandée par l’économie techno-capitaliste

Si on fait un petit saut dans le futur, on constate que c’est l’inverse qui est arrivé, l’accélération de la production de masse a entraîné des répercussions sur la production du temps disponible pour tous. En 1964, le magazine Life se préoccupait de l’excédent de temps libre et des conséquences psychologiques que cela pouvait entraîner (dépression, ennui, etc..).
Par conséquent, le temps est devenu la ressource vitale la plus demandée sur laquelle s’est construite la nouvelle économie techno-capitaliste née après l’évolution numérique, dont le chiffre d’affaires dépend en particulier du temps passé en ligne.

Depuis, pour les utilisateurs des services numériques, le nombre de connexions, leur durée et le nombre d’interactions sont les critères principaux de conquête du temps humain sous le nom de « Coptologie », ou l’art de capter l’attention des utilisateurs, que ceux-ci le veuillent ou non.
La quête du temps des utilisateurs par les plateformes numériques (Facebook, Instagram, TikTok, etc..) est devenue une arme concurrentielle qui cherche à transformer une habitude en addiction.

+ de 2500 milliards d’heures passées sur les smartphones en 2023

Le constat est clair, l’année 2023 a battu des records en termes d’utilisation des outils et des applications de réseautage. À titre indicatif, d’après l’étude de Data.ai, les humains ont passé plus de 2500 milliards d’heures sur leurs smartphones en 2023.
L’économiste Renaud Vignes, dans son article pour The Conversation, souligne à quel point le temps est devenu une denrée précieuse, dont la valeur justifie l’investissement technique mis en œuvre pour s’en emparer.

À l’ère de cette économie numérique tournée vers l’économie de l’attention, s’est construit un lien de dépendance à l’égard des outils numériques qui réussissent à s’approprier le temps encore disponible des utilisateurs.
Dans la quête de l’attention, le maintien des alertes par des notifications passant par les réseaux sociaux pour souligner l’annonce d’une activité ou pour ne pas rater l’immanquable, désigné par l’acronyme FOMO (Fear of missing out), il n’y a pas de limite possible.

La puissance des algorithmes des GAFAM plonge les utilisateurs dans l’addiction

Combattre le danger des Réseaux sociaux devient crucial. Dans ce nouvel espace, la fusion entre la technologie et le temps est devenue une dimension importante de l’ordre économique de l’attention où tous peuvent s’exprimer, même si tous ne le font pas de la même manière. Téléphone, ordinateur, tablette… difficile pour les jeunes de se passer des écrans, au point de tomber dans l’addiction. Si l’on compare avec l’addiction à des substances comme l’alcool, les drogues et le tabac, les conséquences peuvent être plus alarmantes encore.

L’arrivée des réseaux sociaux a amplifié de façon exponentielle la construction des premiers fondements de l’économie de l’attention par le biais d’événements surprises, de clashs d’opinion ou d’informations complotistes, allant jusqu’à la désinformation des actualités, surnommée le « bruit numérique ».
Avec ce modèle économique, les GAFAM ont construit un nouvel empire économique qui s’érige en société souveraine capable d’être sur un pied d’égalité avec les États, au point de changer le processus électoral. Notre société se trouve désarmée face à la puissance des algorithmes de ces géants du net qui, avec des critères d’emploi très différents, mais avec un seul objectif, celui d’emprisonner les utilisateurs dans une bulle d’actualité, et font tout pour les plonger dans l’addiction.

Combattre le danger des Réseaux sociaux, c’est maîtriser la dépendance numérique

Pour combattre le danger des Réseaux sociaux et vraiment faire face à ce fléau, la mobilisation doit être collective avec un engagement sociétal sur des objectifs forts :
instaurer une hygiène numérique dès les premiers pas dans cet univers
chercher le bien-être commun dans l’interaction dans l’univers des réseaux sociaux
veiller à l’encadrement juridique afin de définir la responsabilité éditoriale
développer des offres de services numériques de contrôle du temps passé en cas de surconsommation.

Pour ce faire, il faut simplement mener des actions simples à un niveau personnel pour couper cette dépendance numérique. Même son de cloche chez les dirigeants d’Apple, de Google ou de X, dont les enfants ont accès à des livres et non à des iPads et fréquentent des établissements hors connexion afin d’éviter de nuire à leur développement.
Certains parents autorisent quand même les smartphones à leurs adolescents à condition de déposer l’outil, de le mettre en mode silencieux ou de stopper les notifications pendant un moment, en particulier lorsqu’ils rentrent chez eux, ou au lors du repas familial.

Certes, combattre le danger des Réseaux sociaux, c’est compliqué, mais ça vaut le coup d’essayer et on trouvera facilement les bonnes raisons pour mettre en place de telles actions ou même d’autres plus simples, favorisant ainsi le respect des échanges communautaires.




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Ahmed Laftimi, Digital-BPM Architect - Personal Branding Strategist
A travers plusieurs années d’expériences dans l’environnement du digital et lors de ses déplacements à l’étranger, il cumule une profonde connaissance des enjeux et des contraintes pour aider les acteurs chargés des SI/Ntic à relever les défis et à mieux réussir la transformation digitale de leurs organismes. Aller au-delà du quotidien, une nouvelle passion, s’installe dans l’horizon de mes activités, pour accompagner les dirigeants et les managers à définir la communication digitale appropriée et reprendre le contrôle de leur identité numérique tant professionnelle que personnelle. Membres et Représentant du CMRPI en France ( Centre Marocain de Recherche Polytechnique et d'innovation) Ses domaines de compétences : Conseil en Stratégie Digitale et Organisation SI, Conception et Réingénierie des processus métier, Analyse et Évaluation des risques, Conseil et Conception des Plan de Continuité d’Activité, Accompagnement et conduite du changement