Fuck Up Night, Fail Con, Fail Camp … Voici les soirées plébiscitées par les startupeurs. Sous format de mini conférences, les dirigeants y racontent leurs pires erreurs entrepreneuriales. Des soirées pour dédramatiser les accidents de parcours, tester son projet, quitte à se tromper pour pouvoir retenter l’aventure… ou « 100 conseils pour couler sa boîte »,

La nouvelle philosophie diffusée dans les réseaux

Une nouvelle entreprise, sans trésorerie, prend un réel risque à chacune de ses micro-décisions stratégiques, et contrairement à un grand groupe, l’échec la menace en permanence à chaque interaction avec le marché. Les startupeurs le considèrent non comme une fin en soi mais comme une expérience formatrice et utile pour la prochaine création d’entreprise. L’échec ferait en quelque sorte partie de l’aventure entrepreneuriale plus globale, et même de l’aventure de la vie. Telle est la nouvelle philosophie qui se diffuse dans les réseaux.

Pitcher devant un public les pires erreurs stratégiques

Les soirées thématiques dédiées à l’échec, nées dans la Silicon Valley, ont rapidement traversé l’Atlantique et contaminé le reste du monde tant la bienveillance du discours fait du bien aux entrepreneurs. Le concept de ces événements consiste, pour des dirigeants d’entreprise, à pitcher devant un public leurs pires erreurs stratégiques, leurs mauvais choix, modèles économiques bancals, qui les ont conduits à rater l’un de leurs projets.

L’effet escompté est sensiblement le même d’une soirée à l’autre : dédramatiser l’échec, donner des clés pour rebondir, montrer que l’erreur n’est pas une fin en soi, mais une belle leçon pour démarrer un nouveau projet avec succès.

Des soirées pour entrepreneurs, sportifs, artistes…

Pour vous donner un exemple d’événement dédié à l’échec, ce que l’on appelle une FailCon est un événement en format « conférence Ted » durant laquelle des personnalités (entrepreneurs, sportifs, artistes…) racontent chacune à son tour une histoire personnelle d’échec et son retour d’expérience. Les FailCon ont été importées en France en 2011 par Roxanne Varza, ancienne responsable chez Microsoft France aujourd’hui Présidente de l’incubateur parisien Station F.
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« 100 conseils pour couler sa boîte », l’ouvrage né d’un échec

Et il faudrait bel et bien monter plusieurs projets d’entreprises, échouer, reconstruire, échouer encore pour finalement réussir à long terme. À l’instar de Sylvain Tillon, auteur de « 100 conseils pratiques pour couler sa boîte », serial entrepreneur depuis ses 21 ans. Une entreprise d’accessoires pour cheveux, une startup dans l’éducation et une autre dans l’analyse de données plus tard, l’homme aime à raconter les aléas de l’entrepreneuriat ; ses erreurs et expériences diverses au travers de son blog “sylvaintillon.com”, mais aussi au cours de conférences et soirées dédiées à l’échec.

D’autres témoignages affluent, comme celui de Simon Dawlat, fondateur d’AppGratis, une application dont le succès fulgurant lui a permis de lever 10 millions d’euros…  Avant de tout perdre du jour au lendemain, « c’était le 5 avril 2013 », précise-t-il. Ce jour-là, le géant Apple téléphone à l’homme d’affaires pour lui signifier que son application est éjectée de l’Apple Store, son seul moyen de téléchargement. Le projet coule, mais l’entreprise utilise ses dernières liquidités pour prendre un nouveau tournant avec le concept « Batch », un outil destiné à gérer les notifications des applications. Aujourd’hui, Simon Dawlat s’est relevé et gère son entreprise prudemment, au regard de son expérience passée.

Alors oui, les mentalités changent avec la startup et la démocratisation de l’entrepreneuriat. Créer, innover, prendre des risques ne va pas sans la probabilité d’échec, mais se tromper plusieurs fois, recommencer, tester jusqu’à trouver le bon modèle économique serait la clé du succès, à condition de dompter ses peurs et de toujours minimiser les risques. L’échec est bel et bien devenu une composante de la réussite.