Personnaliser le produit, le défi des professionnels
du secteur

Anastasia Soare commence sa carrière comme maquilleuse spécialisée dans les sourcils. C’est en suivant des cours de dessin qu’elle découvre « la divine proportion » de Léonard de Vinci, soit les proportions mathématiques qui définissent l’équilibre parfait d’un visage. Elle crée alors la marque Anastasia Beverly Hills et ses « stencils », des pochoirs à sourcils conçus à partir de la divine proportion, à appliquer selon sa physionomie pour obtenir une épilation parfaite. Le produit, breveté, est un succès. Il est revendu sur Internet et dans le monde entier (en France, chez le distributeur Sephora). L’exemple d’Anastasia Beverly Hills est certainement le plus parlant en matière de réussite cosmétique, avec un produit innovant et surtout entièrement personnalisable, une stratégie de distribution omnicanale, et une communication essentiellement sur les réseaux sociaux, via les blogueurs et les vlogueurs.

Santé et environnement, les enjeux des nouvelles marques

Les marques Tootfruit et La Bouche Rouge surfent sur d’autres tendances fortes du secteur cosmétique, à savoir le respect de la santé et de l’environnement. Tootfruit propose une gamme de produits d’hygiène certifiée biologique à destination des enfants de 6 à 12 ans. La Bouche Rouge offre un rouge à lèvres rechargeable et totalement dépourvu de plastique (sans polypropylène (PP) et sans thermoplastique (POM). « J’aime l’idée qu’acheter un rouge à lèvres puisse devenir un acte militant, le symbole d’une conscience », affirme Anja Rubik, l’égérie de la marque.
Pour aller encore plus loin, la startup Genoskin, qui lutte contre l’utilisation des animaux dans les tests des produits cosmétiques, récupère les échantillons de peau humaine prélevés lors des opérations de chirurgie plastique et les revend en kits prêts à l’emploi auprès des fabricants de cosmétique.

Plus de 150 startups cosmétiques dans le réseau French Tech’

Et des entreprises de ce type, qui cassent les codes et modèlent le marché, il en existe plus de 150 recensées par la French Tech (le réseau national des startups françaises). On les appelle les Beauty Tech’ avec un double enjeu pour ces nouveaux entrants : améliorer la personnalisation de la relation client, et tirer parti du digital, et pour les entreprises axées high-tech de la data via les objets connectés hautement prometteurs qui sont encore peu présents sur le secteur.
Parmi les précurseurs des objets connectés cosmétiques, le produit Figure de la startup Romy Paris s’apparente à un boîtier à poser dans sa salle de bains. Connecté à une application Smartphone, il est capable de recommander le soin adapté à la peau de son utilisateur à l’instant T (après le sport, selon le climat ou la pollution…). De petites capsules de crème sont intégrées dans le boîtier pour créer une formule de soin personnalisée (comme des capsules Nespresso… Il fallait y penser !). Le produit qui se positionne comme « assistant de beauté » a remporté un franc succès au dernier CES de Las Vegas (le salon international high-tech à destination du grand public).
La startup Wired Beauty propose un capteur solaire à clipser sur soi, qui analyse l’exposition de la peau aux UV et en retranscrit les résultats via une application Smartphone. Le masque connecté MAPO de la même entreprise  fournit un bilan de peau personnalisé. Enfin, la startup Digital Makeup Pen propose Mink, un stylo connecté qui capte les couleurs et les recrée sous forme de maquillage en prélevant la bonne dose de pigment à mélanger.
Tous ces produits constituent non seulement une nouvelle offre, et via les données récoltées à travers les objets connectés, une mine d’informations personnalisées sur les utilisateurs, pour une proximité toujours plus forte avec le consommateur. Le cercle vertueux des nouvelles technologies semble bel et bien amorcé sur le secteur. Reste à découvrir qui seront les prochains acteurs de la Beauty Tech’ !

Le secteur des cosmétiques, en quelques chiffres

Le secteur des cosmétiques  couvre  selon le Code de la Santé publique, article L.5131-1 « tout produit destiné à être mis en contact avec les parties superficielles du corps humain, en vue de les nettoyer, de les parfumer, d’en modifier l’aspect, de les protéger, de les maintenir en bon état ou de corriger les odeurs corporelles »
Les produits de beauté et de soins représentent 24.3 % du marché des cosmétiques, les parfums en représentant 20 %, les produis d’hygiène  19.7 %, les produits capillaires 18.1 %, le maquillage 8.5 %, les produits dentaires et de la bouche  6.2 %, les produits pour bébé 2.5 %
Le secteur des cosmétiques progresse en moyenne de 3,4 % par an depuis 2010 et enregistre en 2016 un chiffre d’affaires de 205 milliards dans le monde.
Un salon à ne pas manquer : Cosmetic 360 regroupe les acteurs internationaux des nouvelles technologies et de l’innovation cosmétique.