Nommée en mai dernier à la tête de l’IFA (Institut français des administrateurs) – dont elle est membre du conseil d’administration depuis 2006 -, Agnès Touraine a une longue expérience en matière de direction de sociétés. Elle a été directeur général de la division Grand Public d’Hachette Livres, puis a créé Liris Interactive (devenue Havas Interactive en 1997), une des premières start-up multimédia en France, avant de devenir PDG de Vivendi Universal Publishing (VUP), puis de créer ses propres entreprises : Act III Consultants, société de conseils dédiée aux stratégies de croissance et aux développements numériques et Act III Gaming, producteur de serious game. Elle dresse, dans cette interview exclusive, le bilan de l’IFA et exprime ses priorités d’action comme nouvelle présidente.

Quel est le bilan de l’IFA après 10 ans d’existence ?

Je prends la succession de Daniel Lebègue, qui a créé l’IFA en 2003 et qui a, en 10 ans, fait évoluer les principes de gouvernance d’une manière significative avec la création de comités d’audit, de rémunération, etc. Des progrès de grande ampleur ont été réalisés au cours de cette décennie dans les pratiques de nos sociétés – grandes et moins grandes – grâce aux contributions de l’IFA au travers notamment de ses colloques, conférences-débats, séminaires de formation, clubs et publications, etc. ainsi que ses partenariats.

L’IFA compte aujourd’hui 3300 adhérents individuels (dont près de 35% de femmes), et accompagne près de 200 sociétés cotées ou non cotées pour la mise en place des meilleures pratiques au sein de leurs conseils (adhésion groupée, recherche d’administrateur, formations «sur mesure»). C’est aujourd’hui l’association professionnelle de référence des administrateurs exerçant en France et la deuxième association d’administrateurs en Europe. L’IFA porte également la voix de ses adhérents auprès des institutions européennes en tant que membre fondateur de la Confédération européenne des associations d’administrateurs (ecoDa).

Quelles vont être vos priorités d’action ?

Notre objectif est de continuer à développer les bonnes pratiques en les inscrivant dans une problématique de compétitivité et de croissance. Cela nécessite de la part des administrateurs des compétences de plus en plus sophistiquées, tant au niveau de la connaissance des pratiques de gouvernance (audit, risque, rémunération, RSE…) que de la compréhension des métiers et des enjeux. Par exemple, une entreprise innovante a plus besoin d’un administrateur qui l’accompagne dans ses projets que d’un comité d’audit. De même, les associations et les fondations ont des pratiques particulières très différentes des sociétés.

D’où la nécessité d’adopter une segmentation de nos activités en fonction des grands types d’organisations dans lesquelles siègent nos adhérents : sociétés cotées, PME, ETI, entreprises innovantes, mutuelles et coopératives, associations et fondations, secteur public. Nous entendons également faciliter les échanges pour chaque communauté d’intérêt en ouvrant des espaces dédiés sur notre site web qui sera remanié dans ce sens.

Quels sont les thèmes à venir en matière d’administration des sociétés ?

Le grand thème est celui de la prise en compte de l’humain dans les stratégies des entreprises. C’est une notion déjà largement intégrée dans les politiques de RSE (Responsabilité sociale et environnementale). Ainsi par exemple, L’Oréal a décidé d’appliquer le même congé maternité à toutes les femmes salariées du groupe dans le monde entier. Je me réjouis également de la montée en puissance du nombre de femmes dans les conseils d’administration grâce au système des quotas mis en place récemment.

(Propos recueillis par Sophie Lhameen)