Historique de la situation

A l’origine de la grève, il y a l’angoisse du déclassement. La concurrence, de même que les perspectives économiques fragiles en France et en Europe demeurent une source d’interrogation pour les pilotes, même s’ils sont loin d’être dans une position professionnelle précaire. Pour renforcer l’attractivité et la croissance du groupe Air France, le plan stratégique Perform2020 prévoit ainsi le développement de la filiale low-cost d’Air-France, baptisée Transavia. Le groupe franco-néerlandais Aire France KLM précise ainsi qu’elle espère obtenir près de 20 millions de clients pour sa filiale à l’horizon 2017. Alexandre de Juniac, PDG du groupe Air France-KLM expliquait ainsi récemment sur une chaîne privée la volonté de faire de Transavia « un outil de reconquête du marché, devant l’ampleur de la concurrence ». Cette situation fait écho à un plan de restructuration drastique, qui avait vu près de 8 000 suppressions de postes en seulement trois ans. Les pilotes dénoncent ainsi des risques liés à une forme de dumping social. Le groupe Air-France serait ainsi accusé de profiter de conditions sociales défavorables aux salariés en transférant des lignes aériennes à l’étranger.

Combien de temps va durer le conflit

A l’heure actuelle, on estime que le conflit pourrait se prolonger au-delà du préavis annoncé. Le SPAF (Syndicat des Pilotes d’Air France, deuxième syndicat de pilotes, ndlr), qui appelait déjà à prolonger la grève jusqu’à vendredi prochain, a décidé de reconduire son mouvement pour deux jours supplémentaires. Le SNPL (Syndicat National des Pilotes de Ligne) réfléchit à une éventuelle reconduction du préavis, en consultant régulièrement ses adhérents : « Il s’agit avant tout de défendre des emplois, avant de parler de salaires » explique-t-on. Le premier syndicat de pilotes appelle ainsi la direction d’Air France à « de véritables négociations ». Le résultat du référendum devrait tomber au plus tard vendredi soir. A noter qu’un mouvement de grève des pilotes d’Air France d’une semaine serait du jamais vu depuis 1998.

Le coût de la grève

Le Président du groupe Air France-KLM Frédéric Gagey estime le coût du conflit à « 10 à 15 millions d’euros » par journée de grève. En 2012, un mouvement de grève de quatre jours chez Air France avait coûté à la compagnie française quelques 100 millions d’euros. Aujourd’hui, les pilotes sont catégoriques et refusent de voir leur salaire impacté par les décisions de la compagnie : « notre métier exige de la rigueur, la formation de même que la sélection est exigeante, il est donc normal que nous soyons bien rémunérés », estime Julien Duboz, porte-parole du Syndicat des pilotes d’Air France (SPAF). condition, bien sûr, que des questions de sécurité n’entrent pas dans la balance.

Le prix de la sécurité

Certes les coûts de personnel pèsent beaucoup dans le débat. Quand Ryanair s’en sort avec 13% des coûts – pour 40 % pour le carburant – , Air France est plombée à 30 % par ses charges de personnel. Air France-KLM a perdu 1,8 milliard d’euros en 2013 sur un chiffre d’affaires de 25,5 milliards. Air France exploitent 402 avions pour transporter plus 49 millions de passagers, avec 70 307 salariés (ETP) dont 50 202 au sol ry 5 236 Personnel navigant technique, 14 869 Personnel navigant commercial. On comprend Frédéric Gagey, le président-directeur général d’Air France, de vouloir redimensionner son activité moyen courrier qui est déficitaire en développant Transavia France, sa filiale low cost. Un pilote est rémunéré à l’heure de vol effectuée. Sa fiche de paie comprend d’abord un fixe et une partie liée à l’activité. D’après le bilan social d’Air France, le niveau moyen de la rémunération mensuelles des commandants de bord 17 000, voire 20 000 s’ils sont instructeurs, le tout avec un régime fiscal spécial. Certes ses rémunérations récompensent un métier difficile, risqué, et à haute responsabilité réservé à des personnes riches de qualités et de compétences rares. En voulant mieux maîtriser ses coûts, à un moment où Air France allait renouer avec l’équilibre de ses comptes, la Direction d’Air France ne veut surement pas changer les conditions de travail des pilotes au point de dégrader la sécurité.
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