Une situation financière inquiétante

L’Agir connait une situation financière grave qui contredit toutes les prévisions ou pronostics faits. Au début de l’été, l’institution annonce un déficit historique de plus de 3 milliards d’euros pour 2013. Selon le communiqué du 27 juin 2014, le résultat net global déficitaire s’élève à 1,24 milliard d’euros contre en 2012 1,6 milliard d’euros. En 2013, les ressources générées par les cotisations versées par les entreprises et les tiers (État, Unédic), s’élèvent à près de 18,5 milliards, alors que les allocations versées représentent 21,7 milliards d’euros. Après transfert de solidarité Arrco/Agirc et contribution de l’AGFF, le régime Agirc enregistre un déficit technique – différence entre ressources et charges après transferts financiers- de 1,44 milliard d’euros. Au 31décembre 2013, le régime des cadres disposait de près de 9 milliards d’euros de réserves de financement. L’AGFF ou Association pour la Gestion du Fonds de Financement de l’Agirc et de l’Arrco finance le surcoût de la retraite des salariés partant avant 65/67 ans. Excédentaire de 657 millions d’euros en 2013, l’AGFF a versé une contribution d’équilibre aux comptes de l’Agirc.

Les réserves fondent à vue d’œil

Le régime des cadres va mal, 2014 devrait aboutir à un déficit plus grand, tendant vers les 5 milliards en 2018, ce qui assècherait les comptes de l’institution. Les mesures prises il y a deux ans pour redresser les comptes – semi partiel des retraites et hausse des cotisations jusqu’en 2015 inclus – ne suffisent pas. La crise économique, le vieillissement de la population, les départs anticipés, l’allongement progressif des cotisations, la réforme Touraine des retraites, laissent présager des exercices de plus en plus déficitaires au moins jusqu’à 2025 si le système n’a pas explosé avant. Une croissance atone, des départs anticipés plus nombreux que prévu, le chômage des cadres, asphyxie le système. Selon le Comité de suivi des retraites “les hypothèses de croissance, à court, moyen et long terme prêtent légitimement à débat” façon elliptique de dire que les caisses seront vides en 2018. Les réserves devraient sauver la mise au moins jusqu’en 2019.

Un remède de cheval, sinon

Pour retarder une explosion, des mesures draconiennes doivent être prises. Est le plus souvent évoqué la baisse substantielle des retraites servies autour de 10% qui serait annoncée en 2015 pour l’Agirc. Au-delà du régime des cadres, c’est tout le régime des retraites qui est malade. Au total, l’an dernier, 13 milliards. Parmi les mesures évoqués par les experts, il y a aussi la fusion de l’Arrco, en moins mauvais état, et de l’Agirc, réforme qui suscite réserves et critiques, un abattement temporaire des pensions des retraités qui font valoir leurs droits avant 65 ans, une diminution plus grande des pensions des cadres déjà à 55% de leur dernier traitement, une augmentation des cotisations retraite encadrées à 28% du salaire brut. Selon le Comité de suivi des retraites “les hypothèses de croissance, à court, moyen et long terme prêtent légitimement à débat” façon elliptique de dire que les caisses seront vides en 2018. Au-delà du régime des cadres, c’est tout le régime des retraites qui est malade. Au total, l’an dernier, 13 milliards.

Un défi pour le nouveau Président de l’Agirc

Dans le système de retraite par répartition, les cotisations basées sur les revenus professionnels de cadres en activité servent au paiement des pensions des retraités au même moment. Vieillissement de la population – on paie des retraites plus longtemps – et chômage des cadres – on encaisse moins de cotisations – annonce pour certains la fin du système par répartition et la nécessité de recourir à la capitalisation. C’est le défi à relever de la nouvelle gouvernance. Le 13 mars 2014 l’Agirc a élu Jean-Paul Bouchet (CFDT-Cadres) président de son Conseil d’administration selon le principe de l’alternance de la présidence tous les deux ans entre le collège des employeurs et le collège des salariés. Frédéric Agenet (Medef) a été élu vice-président au titre du collège des employeurs. Jean-Paul Bouchet, 58 ans, déjà vice-président depuis 2012, secrétaire général de la CFDT Cadres depuis 2009, est membre du bureau national confédéral de la CFDT. Il a été administrateur de l’Apec de 1999 à 2009 et président du conseil d’administration paritaire du CESI. Frédéric Agenet, 61 ans, directeur des relations sociales du groupe Airbus et DRH France du même groupe, assume des responsabilités dans le secteur de la retraite complémentaire et de la prévoyance depuis 1990. Administrateur de l’Agirc depuis 2012, il est président d’Ipeca Prévoyance et au sein du groupe Humanis, administrateur d’Altea.