Jean-Bernard Lévy, PDG d’EDF, réagit aux difficultés que subit son groupe. « Nous devons nous adapter à ce nouveau monde. EDF doit être agile et économe pour assumer ses ambitions ». L’agilité semble au cœur de la nouvelle stratégie du patron d’EDF. Et il n’est pas le seul à prôner cette méthode venue des Etats-Unis. Frédéric Mazzella, fondateur de Blablacar ou encore les patrons de Michel & Augustin en ont fait un principe pour continuer à se développer. « Permettre à son entreprise d’être agile, c’est lui permettre d’être encore présente et pertinente dans un environnement changeant », explique Bruno Bolle-Reddat, coach et fondateur d’Agileom.*

L’agilité : nouvel indicateur de force des marques

Depuis 2015, il existe même un classement des entreprises les plus agiles du monde baptisé Global Agile Brands qui place l’agilité comme un nouvel indicateur de la force et du succès d’une marque, tant en termes de réputation et d’engagement, qu’en termes de ventes et de performances. Sur ce critère, le Sud-Coréen Samsung est devenu n°1 mondial, mais on retrouve aussi dans le top 5 Google et Wikipedia. Mais comment le terme « agilité », qui caractérisait simplement l’habileté d’une personne à changer la position de son corps s’est-il imposé dans le monde de l’entreprise ? D’où vient-il ?

2001 : naissance du Manifeste agile

Le mot « agile » ne date pas d’hier. Il faut remonter 15 ans en arrière pour le voir émerger ! En 2001, 17 experts du développement d’applications informatiques rédigent un manifeste, « L’Agile manifesto », afin de dépasser les modes traditionnels de développement. Le terme « agile » est alors au centre de leur discours. Quatre valeurs fondamentales inhérentes aux méthodes « agiles » sont alors mises en avant : l’esprit d’équipe, l’application, la collaboration et l’acceptation du changement. De ces valeurs découlent 12 principes généraux qui se basent essentiellement sur une relation privilégiée entre le client et les développeurs.

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L’agilité comme réponse à un environnement imprévisible

Mais comment l’agilité s’est-elle imposée au-delà du secteur de l’informatique pour devenir aujourd’hui une méthode indispensable d’évolution pour toute entreprise ? « Les technologies de l’information ont accéléré les processus, obligeant les entreprises à s’adapter à un environnement de plus en plus imprévisible », explique Bruno Bolle-Reddat. La crise économique a également obligé les managers à repenser leurs méthodes pour apporter davantage de flexibilité, de réactivité et d’adaptabilité à l’entreprise.

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Quand l’agilité envahit tous les secteurs

Ainsi, l’agilité est entrée progressivement dans les directions marketing et digitales puis s’est étendue aux directions innovation, à la R&D et aux directions opérationnelles. Les directions juridiques et financières sont aussi touchées comme les DRH évidemment, puisqu’elles accompagnent la transformation. « L’agilité est une des réponses – car ce n’est pas la seule – à la grande détresse des dirigeants et des managers qui ne savent pas toujours quoi faire face à ces mouvements rapides », confirme le coach qui constate chaque jour auprès de ses clients, dans tous les secteurs d’activité, la peur d’être dépassé.  Conscients du potentiel client, de nombreux cabinets de conseil surfent aujourd’hui sur le concept pour proposer des méthodes soi-disant agiles. « On n’empêchera pas les boîtes de se saisir de ça, mais si cela reste des mots ou un concept marketing, ça ne marchera pas bien longtemps », estime Bruno Bolle-Reddat.
De là à penser que l’agilité, « buzz word », aura disparu dans quelques années au profit d’autres mots plus tendances, il n’y a qu’un pas. Un avis que ne partage pas le fondateur d’Agileom. « C’est ce qu’on disait du coaching il y a vingt ans et pourtant, ça marche toujours. Tant qu’il y aura ce besoin d’adaptation rapide au changement, l’agilité constituera une réponse pour les entreprises ».

*Agileom : école de formation au coaching. Forme les acteurs de l’agilité.