La bonne gouvernance est celle qui crée de la valeur en améliorant la performance et, surtout, en assurant la pérennité de votre entreprise. Mais, quels en sont les attributs ?

Les conséquences catastrophiques des problèmes de gouvernance

Les problèmes de gouvernance conduisent non seulement à la faillite d’entreprises, mais elles ont des conséquences bien au-delà. Par exemple, dans les deux ans qui ont suivi l’effondrement de la grande banque américaine Lehman Brothers, la richesse mondiale a diminué de 45 %.
Pas surprenant que de plus en plus d’institutions se préoccupent de la bonne gouvernance de votre entreprise. Cela non seulement pour des raisons économiques, mais aussi sociales. Ainsi, ajoutant sa voix à bien d’autres en Europe, une candidate à l’élection présidentielle de 2020 a promis le démantèlement de Google, Amazon et Facebook.

Entreprises privées, organisations publiques, OSBL, gouvernements, quelles qu’en soient leur taille et leur phase de développement, doivent impérativement maintenir une bonne gouvernance. Plus important encore, cette dernière doit être adaptée à chaque milieu, conçu sur mesure pour votre entreprise, car les expériences malheureuses montrent que one size doesn’t fit all.
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Le contexte a drastiquement changé

Quoique demeurant une cible importante, la gouvernance dépasse largement aujourd’hui la conduite de votre conseil d’administration et de vos administrateurs. Elle s’applique partout dans votre entreprise et touche toutes les sphères du management. Par exemple, tout projet que vous voulez réussir nécessite une gouvernance spécifique bien définie.

De même, il n’est plus accepté de se limiter à prendre en compte les seuls intérêts des actionnaires. Font aussi partie de l’équation ceux des autres parties prenantes, tant internes qu’externes à votre entreprise. Qu’il suffise de mentionner les groupes environnementalistes, de plus en plus actifs notamment sur les réseaux sociaux.

Il faut également noter que la bonne gouvernance est devenue une variable déterminante pour les investisseurs, prêteurs, acquéreurs, les meilleurs talents dont le recrutement est devenu tellement compétitif, etc. De plus, il est maintenant acquis qu’elle fait partie de la responsabilité sociale de votre entreprise.

Par ailleurs, vous n’avez plus la complète maîtrise de la gouvernance de votre entreprise. Elle est dorénavant encadrée par beaucoup de réglementations et soumise à la vérification d’institutions de contrôle. Également, de plus en plus d’investisseurs et d’actionnaires institutionnels jouent un rôle actif en imposant leurs exigences en la matière. 
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La gouvernance, c’est quoi déjà ?

Construit autour de la mission de votre entreprise, la gouvernance est le système mis en place pour en assurer un fonctionnement optimal, que les meilleures décisions soient prises. Elle vise à protéger les intérêts des actionnaires, mais aussi ceux des autres parties prenantes.

Le rôle du conseil d’administration comme instance supérieure y est consacré, ayant notamment la responsabilité ultime du maintien d’une bonne gouvernance. Mais on y retrouve aussi la structure et les modalités de répartition du pouvoir et les moyens mis en place pour qu’il soit exercé de manière légitime et efficiente. Cela est crucial quand on sait que la concentration du pouvoir ou son utilisation non transparente a conduit à la chute d’empire comme Enron, WorldCom et la presque faillite de Vivendi Universal.

Tout aussi important pour le pilotage global de votre entreprise, la gouvernance définie des mécanismes de coordination, de suivi, de contrôle et de gestion des risques. Il faut particulièrement déterminer précisément qui contrôle quoi et comment, de même pour l’identification et l’évaluation des risques. Le but étant d’assurer une utilisation efficace et efficiente des ressources financières, humaines, technologiques et autres de votre entreprise, particulièrement pour protéger l’investissement des actionnaires. Il s’agit également de toujours assurer le respect des lois et de pouvoir fournir des données fiables tant pour l’usage interne, qu’externe.

Selon PricewaterhouseCoopers, les principes, piliers d’une bonne gouvernance sont l’honnêteté, la transparence, la responsabilité, la reddition de compte, l’indépendance et l’équité. Malheureusement, ce sont des concepts difficiles à circonscrire concrètement et donc vraiment ardus à évaluer. Cela explique qu’ils restent souvent des vœux pieux.
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Un indicateur simple pour évaluer votre gouvernance

L’objectif final de la bonne gouvernance est que les meilleures décisions se prennent dans votre entreprise; celles qui contribuent à améliorer sa performance et assurent sa pérennité. C’est seulement ainsi que notamment les actionnaires pourront encaisser des bénéfices significatifs constants.

Vous devez donc être en mesure de montrer que chaque décision prise dans votre entreprise respecte chacun des principes généraux suivants :
Traçabilité, le processus et ceux qui ont pris part à la décision sont retraçables. Des technologies, comme la Blockchain sont maintenant disponibles pour ce faire.
Responsabilité, quelqu’un est responsable de cette décision, soumise à une surveillance impliquant une reddition de compte.
Transparence, les informations pertinentes à sa compréhension et sa justification sont accessibles.
Équité, la décision tient compte des intérêts des parties prenantes.
Indépendance, aucun motif ou intérêt caché n’a été pris en considération.
Pertinence, mesurable a posteriori dans le sens qu’elle a permis de résoudre le problème, a été bénéfique pour votre entreprise.  C’est une façon simple et concrète de mesurer l’application des principes d’une bonne gouvernance. Pour voir un exemple de ce genre de prise de décision, consulter le guide : Les problèmes organisationnels : formulation et résolution[1].

Les facteurs critiques de succès et la gouvernance de la prochaine décennie sont abordés dans la suite de cet article : La gouvernance du futur de votre entreprise
1 Les problèmes organisationnels : formulation et résolution, Presses de l’Université de Montréal, 125 p.