La mobilité, cet angle mort de la stratégie ESG
Par Thierry Sorlin, Président de Wimova
Trop longtemps ignorée, la mobilité professionnelle devient le talon d’Achille des engagements ESG. Entre régulations plus strictes, pression des talents et arbitrages budgétaires, les entreprises ne peuvent plus se contenter d’un pilotage logistique. Elles doivent choisir une trajectoire.
Le télétravail recule, les lignes aériennes intérieures se raréfient, et les transports bas carbone deviennent la norme. Pour les entreprises, la mobilité n’est plus une question d’intendance : c’est une affaire de stratégie. Composer avec la multimodalité – taxi, train, avion – impose une coordination sans faille. Les modèles anciens, fragmentés et peu pilotés, ne sont plus tenables. Il faut garantir la continuité des trajets, maîtriser les coûts, et intégrer la dimension environnementale. La mobilité devient un marqueur de compétitivité.
Un levier de performance, un révélateur d’engagement
En France, plus de 60 % des voyages professionnels se font désormais en train. Ce basculement logistique reflète un choix stratégique, à la croisée des impératifs budgétaires et climatiques. Centralisation des réservations, automatisation de la facturation, pilotage des dépenses en temps réel : ces pratiques, hier réservées aux grandes organisations, s’imposent aujourd’hui dans tous les secteurs.
Y compris chez les PME, souvent dépourvues de services achats structurés, mais soumises aux mêmes contraintes. Pour elles, l’enjeu est double : accéder à une solution simple, tout en garantissant une traçabilité et une sobriété compatibles avec les attentes clients et les engagements RSE.
Car la mobilité engage l’entreprise. Les transports représentent encore 31 % des émissions de gaz à effet de serre en France. Pourtant, seuls 11 % des véhicules professionnels immatriculés sont 100 % électriques. Ce décalage alimente la défiance. À l’heure des reporting extra-financiers, la cohérence entre stratégie climat et pratiques terrain devient un critère de crédibilité.
Un impératif de gouvernance
Gérer les déplacements professionnels, ce n’est pas gérer un outil. C’est porter une stratégie. Définir un cadre clair, des indicateurs partagés, un niveau de service homogène sur tout le territoire. Savoir s’adapter aux contraintes opérationnelles, absorber les pics d’activité, et produire des données fiables. L’improvisation ne pardonne plus.
Les entreprises qui structurent leur politique de mobilité en retirent des bénéfices immédiats : meilleure fluidité, réduction des coûts cachés, alignement renforcé avec leur politique environnementale. À l’inverse, celles qui laissent ce sujet en pilotage passif accumulent les frictions, les surcoûts, et les dissonances.
Conclusion
La mobilité ne peut plus être traitée comme un poste accessoire. Elle concentre des enjeux de performance, d’image et de responsabilité. Dans une économie en mouvement, ce que l’on ne pilote pas finit toujours par coûter cher.