Ne demandez pas à David Bibard pour qui il officie, la liste risque d’être longue. A 39 ans, ce contrôleur de gestion travaille à temps partagé, c’est-à-dire pour plusieurs employeurs. « En ce moment, j’ai trois clients réguliers et un client qui fait appel à moi en fonction de ses besoins. Viennent s’ajouter de temps à autre des missions de sept ou huit jours en mode projet », explique ce Francilien qui a fondé le Portail du Temps Partagé en 2014.

« Le nombre de cadres
à temps partagé va exploser »

Plus de 50 000 professionnels comme David seraient aujourd’hui au service des entreprises sur l’ensemble du territoire national. S’il n’existe pas encore d’étude précise, « le temps partagé représenterait 9% de l’emploi en France », selon Bernard Anglezi, responsable de la communication de la FNATTP (Fédération Nationale des Associations de Travail en Temps Partagé) qui inclut notamment les services à la personne. Un chiffre faible comparé aux 35 % constatés dans les pays nordiques comme la Suède ou la Norvège. « Mais le nombre de cadres en temps partagé va exploser, assure-t-il. Car la notion de CDI et de CDD disparaît complètement. » Les besoins de flexibilité et d’optimisation des coûts des entreprises les orientent de plus en plus vers le recrutement à temps partagé. Et tout le monde s’y retrouve !
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Une alternative pour les seniors

Nombreux sont les seniors (+ de 50 ans), qui se sont d’ailleurs tournés vers ce système afin de mettre à profit leur expertise sans pour autant coûter trop cher. « Lorsque j’ai quitté mon entreprise à 57 ans, je savais que je ne retrouverais pas un poste de directeur commercial à plein temps et au même salaire, raconte Bernard Anglezi. Après une année sabbatique, je suis devenu agent d’une compagnie d’assurances à temps partiel. En même temps, j’enseignais le management commercial à la Faculté de Rouen et j’avais diverses missions de direction commerciale ».
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« Le réseau, c’est le maître-mot
du temps partagé »

L’avantage pour ces acteurs du temps partagé ? « Une indépendance intellectuelle magnifique », s’exclame M. Anglezi.  « On a la liberté de créer », renchérit David Bibard qui apprécie aussi de s’enrichir professionnellement. Le contrôleur de gestion a même réussi à dégager une journée par semaine pour « souffler ». Si la discipline et la rigueur sont essentielles pour réaliser en temps et en heure les missions, la souplesse du système permet de s’aménager des plages pour d’autres occupations, personnelles ou associatives.
Lorsqu’il n’est pas en clientèle, David Bibard cultive aussi son réseau. « Je suis en veille permanente », dit-il. Car c’est le plus souvent sur le marché caché que la grande majorité des acteurs du temps partagé obtiennent du travail. « Le réseau, c’est le maître-mot du temps partagé », conclut Bernard Anglezi.
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Le temps partagé
en  réponse au chômage

Multi-salarié, prestataire de services ou salarié d’un groupement d’employeurs, peu importe le statut, l’essentiel est que l’acteur du temps partagé ne pointe pas (ou plus) chez Pôle Emploi. Une cinquantaine d’associations, généralement dénommées CTP (Compétences en temps partagé) ou CPE (Compétences pluri-entreprises) aident les cadres à développer une activité à temps partagé grâce à des formations. En avril 2015, Pôle Emploi a signé une convention avec la FNATTP afin de promouvoir le temps partagé. L’Apec a fait de même en juillet.
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