Les paroles des salariés traquées pendant 4 mois

La méthode appliquée par Mc Kinsey & Co pour réaliser l’étude est très intéressante : les chercheurs ont remis des badges aux salariés d’une multinationale pour enregistrer leurs faits et gestes pendant 4 mois. Ils ont suivi les contacts opérés par chaque collaborateur, la durée de leurs conversations, le ton de leur voix, et même défini qui dominaient les conversations… Jusqu’à constater qu’hommes et femmes n’étaient pas traités de la même manière dans l’entreprise (promotion, salaire, intérêt porté par les dirigeants) alors même qu’ils adoptaient les mêmes comportements, qu’ils réalisaient les mêmes performances et qu’ils envisageaient leur carrière dans le même sens. Dit autrement, durant ces 4 mois et malgré des postures similaires, les hommes ont bénéficié de promotions plus élevées que les femmes.

L’inégalité au travail est due à des préjugés

« Notre analyse suggère que la différence dans les taux de promotion […) n’est pas due à leur comportement [des femmes], mais à la façon dont elles ont été traitées », expliquent les chercheurs de Mc Kinsey. Leur conclusion sur ce phénomène est sans appel : « L’inégalité entre les sexes est due à des préjugés – c’est-à-dire des croyances subjectives – non à des différences de comportement. »

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La femme quittera l’entreprise pour élever ses enfants

Et parmi ces préjugés capables de modifier une trajectoire professionnelle, la croyance que la femme préfère quitter son poste pour élever ses enfants plutôt que rester durablement dans l’entreprise semble profondément ancrée, limitant sensiblement l’accès aux promotions. D’après un sondage mené il y a 2 ans par le réseau Grandes Écoles au féminin auprès de ses anciens diplômés (le réseau fédère une dizaine d’écoles comme HEC, l’ESSEC, Centrale-Paris, l’ENA…), plus de 50 % des sondés ont constaté une telle croyance subjective dans leur entreprise, en provenance d’hommes comme de femmes. Ils ont plus exactement été témoin de préjugés tels que : « les femmes privilégient leur vie familiale » (54 % des répondants) « les femmes ne sont pas disponibles » (50 % des sondés) ou encore « les femmes ne sont pas attirées par le pouvoir » (20 %).
Avec de telles croyances et à compétences égales entre les sexes, il semble logique de voir plus d’hommes promus que de femmes.

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La femme et les émotions : une longue histoire de préjugés

Un autre préjugé qui a la vie dure en entreprise est celui afférent aux émotions et au savoir-être. Globalement, les anciens diplômés interrogés dans le cadre de l’enquête constatent que de nombreuses caractéristiques psychologiques sont exclusivement attribuées aux femmes dans le cadre du travail. Par exemple : « les femmes n’ont pas confiance en elles » (34 % des sondés), « les femmes ne résistent pas au stress » (22 %) ou encore « les femmes sont emphatiques » (17 %).

L’homme aussi victime de préjugés au travail

Bien sûr, les hommes aussi sont victimes de préjugés. Ils affectent moins leur carrière, mais ils influencent forcément leur rapport au monde du travail et à la famille, et pas forcément dans le bon sens. Selon la même enquête, les préjugés les plus ancrés dans l’entreprise envers les hommes sont : « les hommes sont disponibles pour l’entreprise » (51 % des sondés), « les hommes veulent privilégier leur carrière » (42 % des sondés), « les hommes sont attirés par le pouvoir » (39 %), « les hommes sont sûrs d’eux » (28 %) ou encore « les hommes résistent au stress » (23 %).

Une application pour tester votre niveau de préjugé de genre

Et vous ? Vous arrive-t-il de penser que les femmes agissent différemment au travail parce qu’elles sont des femmes ? D’attribuer certaines compétences aux hommes et d’autres aux femmes ? C’est normal ! Nous sommes tous conditionnés au préjugé. Mais pour rétablir l’équilibre, nous devons d’abord les reconnaître puis changer de regard. Vous pouvez tester l’application MeandyYouToo. Disponible sur ordinateur, tablette ou Smartphone, elle vous propose de répondre à une vingtaine de questions et mises en situation (certaines plus subtiles que d’autres) pour évaluer votre « niveau de préjugés de genre ». L’application vous aidera peut-être à déconstruire vos schémas de pensée. Dans tous les cas, cela vaut la peine d’essayer !

Rappelons que les femmes sont toujours minoritaires à presque tous les niveaux de poste dans le monde des affaires, alors même qu’elles ont décroché plus de diplômes universitaires que les hommes au cours des 30 dernières années (source : Women in the Workplace 2018)  

Lien vers l’étude Mc Kinsey publiée sur Harvard Business Review