Travailler 100 % à distance : ce que les entreprises peuvent apprendre de ceux qui l’ont déjà fait. » signée par Nithida Vialle Co-fondatrice & Chief Financial Officer chez VATES
Tout le monde s’accorde aujourd’hui à le dire, le télétravail a changé durablement le rapport au travail. Depuis la crise sanitaire, il est entré dans les usages : la plupart des entreprises jonglent entre quelques jours à distance et un retour au bureau jugé nécessaire pour préserver la cohésion. Mais dès qu’on parle de 100 % télétravail, les réticences s’expriment : isolement, perte de productivité, difficultés managériales… Le modèle semble iconoclaste, voire risqué. Chez Vates, nous avons pourtant fait ce choix il y a plus de dix ans. Notre entreprise de la tech, qui approche désormais la centaine de collaborateurs entre l’Europe et les États-Unis, fonctionne entièrement en télétravail, tout en conservant des bureaux utilisés ponctuellement comme lieux de rencontre.
Le télétravail n’est pas une simple façon de réduire les coûts de locaux
C’est un mode de fonctionnement à part entière, qui exige une organisation claire, les bons outils et une discipline partagée. Ce qui paraît basique, réunions, messagerie instantanée, visioconférence, devient indispensable
Il faut aussi distinguer le télétravail ponctuel du télétravail intégral
Quand le bureau reste accessible, il est toujours possible d’y retrouver collègues et convivialité. En full remote, cette option n’existe pas : il faut inventer d’autres moyens de nourrir la collaboration et le lien social.
Le premier mythe, c’est celui de la productivité en baisse
Chez Vates, nous constatons l’inverse : l’autonomie, la responsabilisation et la coopération renforcent la rigueur. Et nous ne sommes pas les seuls : en 2025, le classement Fortune 100 Best Companies to Work For® révèle que 97 entreprises sur les 100 du classement offrent désormais du 100 % télétravail ou un modèle hybride.
Le second mythe, c’est celui de l’isolement
Oui, il existe un risque, mais il se gère par une culture d’entreprise forte et des rituels collectifs. Enfin, beaucoup de managers craignent de “perdre le contrôle”. Le 100 % remote oblige simplement à changer de posture : on ne gère plus le temps de présence, mais les résultats.
Les piliers du 100% remote
– le premier, c’est la confiance. Cela commence dès le recrutement : chez Vates, nous avons conçu un processus en plusieurs étapes pour vérifier que les futurs collaborateurs sont capables d’autonomie et adhèrent à notre culture. Nous recrutons sur deux axes : les compétences, mais aussi l’adhésion à notre fonctionnement basé sur le télétravail et une organisation quasi horizontale. Travailler en full remote doit être un choix assumé, et nous en discutons dès les entretiens. L’onboarding est adapté au profil : il peut inclure une intégration en présentiel pour sécuriser la prise de poste des juniors.
– le deuxième pilier, ce sont les outils et process : documenter, rendre l’information accessible, privilégier la communication écrite.
– le troisième, ce sont les rituels : réunions préparées, points réguliers, mais aussi moments informels pour préserver la cohésion. Contrairement à une idée reçue, le 100 % télétravail n’est pas plus simple que le présentiel. Il exige une vigilance accrue sur le management et la cohérence culturelle.
Les bénéfices concrets
Les bénéfices sont considérables. Recruter sans frontières géographiques permet d’attirer des talents rares. La réduction des coûts fixes allège la structure et permet d’investir dans ce qui compte vraiment. Le télétravail favorise aussi un meilleur équilibre vie professionnelle / vie personnelle, qui renforce l’engagement et la fidélisation. Enfin, une organisation distribuée s’avère plus résiliente : elle continue à fonctionner quelles que soient les crises.
Les limites à ne pas ignorer
Le télétravail intégral n’est pas exempt de risques. L’isolement reste un sujet, surtout pour les nouveaux arrivants. La surcharge numérique menace si l’on multiplie les outils sans clarté. Et sans repères collectifs, une entreprise peut perdre son âme. Chez Vates, nous avons choisi de conserver des bureaux pour créer ces moments de rencontre, et nous organisons régulièrement des temps forts physiques
Le full remote implique aussi de veiller à l’équilibre entre vie pro et vie perso. Les frontières sont plus floues quand on travaille là où l’on vit. Il revient à chacun de trouver ses repères : activité sportive, déjeuner à l’extérieur, tout ce qui permet de recréer le lien social qu’on aurait spontanément en allant au bureau
Ce que les entreprises hybrides peuvent retenir
Toutes les organisations n’ont pas vocation à devenir 100 % distantes. Mais les enseignements de celles qui le pratiquent peuvent profiter à toutes. Mieux structurer la communication écrite, valoriser les résultats plutôt que la présence, instaurer des rituels collectifs adaptés : autant de pratiques issues du remote qui renforcent aussi bien un modèle hybride qu’un modèle
La cohésion doit aussi s’inventer autrement. Dans une organisation traditionnelle, une conversation autour de la machine à café ou un déjeuner improvisé suffisent parfois. À distance, il faut déployer d’autres efforts : mieux connaître ses collaborateurs, les valoriser et les impliquer. Les séminaires ponctuels ne suffisent pas ; la proximité se construit aussi au quotidien par une attention sincère portée aux équipes.
Conclusion
Il est temps de casser le mythe du présentiel à tout prix. Les meilleurs talents ne cherchent pas un bureau, ils cherchent un cadre de confiance et de liberté. Chez Vates, nous avons fait le choix de ne pas traiter nos salariés comme des enfants. Et surprise : ça fonctionne. Nous avons triplé notre taille en deux ans, tout en offrant un environnement flexible favorable au bien-être. Non seulement nous n’avons rien perdu en productivité, mais nous avons gagné en efficacité, en engagement et en fidélité. Notre turnover est faible parce que nos collaborateurs sont alignés avec nos valeurs et notre culture. Une entreprise réussit par la confiance et la culture qu’elle construit, pas par le contrôle de la présence derrière un bureau.