Pourquoi avons-nous honte d’être coachés au travail ?
Coach de vie, coach sportif, coach en nutrition ou en parentalité… Ils sont partout sur les réseaux sociaux, dans les podcasts, dans les discussions entre amis. Et surtout : ils sont revendiqués. Afficher qu’on a un coach est devenu un marqueur d’ambition, de soin de soi, de capacité à investir dans son propre développement.
Mais bizarrement, dès qu’il s’agit de coaching au travail, la fierté disparaît. On baisse d’un ton. On évite le sujet. On préfère ne pas dire qu’on a été « coaché au travail », de peur que cela soit perçu comme un signal de faiblesse. Ce paradoxe en dit long sur la manière dont le coaching est encore vécu – et trop souvent mal compris – dans les entreprises.
Un outil stratégique… encore vécu comme un pansement
Depuis près de 10 ans, nous accompagnons chaque jour des milliers de collaborateurs dans leur développement. Et pourtant, il n’est pas rare d’entendre un cocoaché nous confier à demi-mot : « Je n’ai pas osé en parler à mon équipe… Je ne sais pas si c’est bon signe que j’aie été choisi(e)… »
Pourquoi une telle gêne autour d’un dispositif pourtant pensé pour soutenir, faire grandir, faire évoluer ? Parce que dans de nombreuses entreprises, le coaching reste perçu comme un remède, non comme un catalyseur. Un signal d’alerte RH plutôt qu’un investissement stratégique.
Et pourtant, le coaching est un privilège – pas un patch
Cette perception est d’autant plus paradoxale qu’en réalité, très peu de collaborateurs y ont accès. En Europe, moins de 10 % des salariés bénéficient d’un accompagnement régulier par un coach (source : ICF Global Coaching Study 2023). Le coaching professionnel reste une ressource rare, encore trop souvent réservée à des profils clés ou à fort potentiel.
Et pourtant, au lieu de le revendiquer comme un accélérateur de carrière ou un soutien dans la complexité, on le cache. Pourquoi ? Parce que les entreprises elles-mêmes n’assument pas toujours d’en faire un atout.
En réalité, le coaching est souvent proposé sans cadre clair, sans communication, sans narration. C’est un « plus », glissé discrètement, avec l’espoir qu’il fasse son effet. Mais en l’absence de discours explicite, les collaborateurs comblent
le vide : Pourquoi moi ? Est-ce que j’ai fait une erreur ? Est-ce que je ne suis pas à la hauteur ?
Le résultat, c’est une autocensure généralisée. Le coaching est vécu en silence. Les bénéfices ne sont pas partagés. L’expérience reste personnelle, isolée, alors qu’elle devrait être collective, inspirante, transmissible.
La solution ne viendra pas du collaborateur. Elle viendra de l’entreprise.
Et si l’on inversait le regard ? Et si l’on faisait du coaching un marqueur de confiance, de responsabilité, de leadership ? Un outil de performance assumé, comme on assume un MBA, un séminaire, une mission stratégique.
Être coaché, ce n’est pas corriger une faille. C’est investir dans sa capacité à traverser l’incertitude, à grandir en conscience, à prendre soin de soi et des autres. C’est une démarche courageuse, exigeante, humaine qui impose aux entreprise
de :
- Revisiter leur récit : cesser de parler d’accompagnement « au cas par cas », et assumer une stratégie globale, positive et structurée autour du développement individuel et collectif.
- Choisir l’excellence : proposer un accompagnement en mesure de répondre aux enjeux du monde BANI (brittle, anxious, non-linear, incomprehensible), avec une posture de confiance et de coconstruction.
- Célébrer les parcours : encourager les témoignages, valoriser les expériences, montrer que le coaching est un levier reconnu, utile et valorisé.
- Coacher les leaders : car le changement commence par l’exemplarité. Quand les managers assument d’être coachés, ils légitiment l’expérience pour toute l’organisation.
#FierDÊtreCoaché : le début d’un changement de culture
Je suis convaincu que le coaching est un outil de transformation à haute valeur humaine. Mais pour qu’il tienne toutes ses promesses, il doit sortir de l’ombre. Il doit être raconté, reconnu, revendiqué.
Nous appelons les entreprises à repenser leur approche : non comme une série d’initiatives ponctuelles, mais comme une culture continue du développement. Une culture où l’on ne cache plus son coach – on le remercie. Où l’on ne se justifie pas d’être accompagné – on en est fier. Parce qu’être coaché n’est pas une faiblesse. C’est une force.
Honte d’être coachés au travail/Honte d’être coachés au travail/Honte d’être coachés au travail