Après sa troisième victoire en championnat d’Europe hier, l’équipe de France de handball, surnommée  “Les Experts” et entraînée depuis 2001 par le duo Claude Onesta/Sylvain Nouet, détient le record de titres : championne olympique en 2008 et 2012, championne du monde en 1995, 2001, 2009 et 2011 et championne d’Europe en 2006, 2010 et 2014. Quels sont les facteurs qui peuvent expliquer ce succès ? Nous en avons identifié cinq qui peuvent être appliqués dans le management d’une équipe (voir aussi notre article Nanterre, champion de France de basket Pro A, explication d’une “succes story”).

1 – Un duo d’entraîneurs de choc : Claude Onesta/Sylvain Nouet

Tous deux sont arrivés ensemble en 2001 en remplacement de Daniel Costantini, qui avait obtenu en 1995 le premier titre mondial. Claude Onesta, l’entraîneur, et son adjoint Sylvain Nouet, fonctionnent en duo et sont complémentaires et inséparables. Le premier est sélectionneur et meneur d’hommes, et le second un technicien hors pair qui supervise tous les entraînements. Tous deux, qui se sont connus sur une plage en 1973 alors qu’ils jouaient au handball, ne se sont plus quittés depuis. Ils se font entière confiance et se comprennent d’un coup d’oeil. Au fil des victoires, le duo s’est consolidé, même si, comme le confiait Sylvain Nouet dans une interview récente à Reuters, cela n’a pas toujours été facile d’être considéré à ses débuts comme une “plante verte”. Mais, poursuit-il, “premier violon, j’ai appris à m’épanouir dans l’ombre, seule clé de la réussite de notre machine. Si je voulais franchir la ligne, être moi aussi dans la lumière, je ferai tout foirer.”

2 – L’esprit collaboratif

Pour Claude Onesta comme pour Sylvain Nouet, les joueurs ont leur avis à donner sur la stratégie de jeu et c’est ensemble que la victoire se construit. Claude Onesta a ainsi renforcé les pouvoirs de ses internationaux en créant autour de lui une cellule de réflexion où des joueurs de renom comme Girault, Dinart, Omeyer, les frères Gille, Fernandez et Karabatic entre autres sont devenus ses interlocuteurs privilégiés. « Le projet appartient aux joueurs. Ce sont eux qui en font une réussite ou un échec. L’entraîneur n’est qu’un guide et je reste convaincu qu’en responsabilisant les acteurs principaux, on se donne les moyens de gagner”, déclare Onesta sur le site de la fédération. De même, Sylvain Nouet confie dans une interview à Reuter : “Les joueurs d’aujourd’hui, évoluant dans les plus grands championnats, en connaissent au moins autant que moi. La clé de notre réussite est le partage de nos connaissances. Eux et moi sommes actionnaires de notre projet”.

3 – La force de l’humain

Une équipe c’est d’abord des hommes et notamment la star de l’équipe des “Experts”, Nicola Karabatic. Après les déboires connus fin 2012 par les frères Karabatic (Nicola l’aîné et la vedette et son frère cadet Luka venu sur le tard au handball) suite à l’affaire des paris suspects, Claude Onesta les a soutenu. Et pour les championnats d’Europe de 2014, c’est Onesta qui a décidé – contre l’avis du staff technique – de sélectionner dans l’équipe Nikola et Luka Karabatic, et leur ami d’enfance, Igor Anic. Comme le dit dans un article Le Journal du Dimanche, le fait pour “le chef de meute” Nicola de disputer l’Euro aux côtés de son frère et de son ami d’enfance lui a permis de s’épanouir à nouveau car chez lui, la connexion affective est importante. Un fait dont a tenu compte Onesta dans la composition de l’équipe.

4 – Faire confiance à des jeunes

L’équipe de France présente à l’Euro 2014 était un savant mélange de joueurs expérimentés et de jeunes joueurs. Une des découvertes du tournoi a été le joueur Valentin Porte (arrière des Bleus). Après la victoire, celui-ci a déclaré : “C’est un rêve de gamin qui se réalise ! Quand il y a eu le coup de sifflet final, je me suis dis que je faisais à mon tour partie de cette équipe qui a tout gagné et qui gagne encore. Que j’y étais arrivé. Que d’habitude j’étais devant ma télévision pour les regarder soulever le trophée. Là, j’étais sur le podium avec eux. C’est un bonheur immense.”

5 – Rester motivé

Le fait d’avoir remporté de nombreux trophées n’a pas entraîné de démotivation de l’équipe de France. Même si les “Experts” n’étaient pas favoris lors de l’Euro 2014, ils voulaient réussir la compétition et sont montés progressivement en puissance (ce qui n’a pas été le cas du Danemark qui a survolé la compétition jusqu’à la finale et du coup n’a pas su réagir face à la première difficulté). Comme le déclare Jérôme Fernandez, capitaine des Bleus, sur le site des “Experts“, la motivation pour gagner est restée intacte. “On n’est jamais sevrés ! C’est ce qui est extraordinaire avec ce groupe : c’est qu’il n’en a jamais assez ! (…) On ne s’imaginait peut-être pas monter sur le podium cette année alors qu’on est dans une phase de reconstruction. Je suis heureux, heureux comme à chaque fois de monter sur le podium et de soulever le trophée.”