Avec 200 jours passés au bureau, nos gestes quotidiens au travail ont des conséquences directes sur l’environnement. Ils impliquent directement plus de 13 millions de salariés qui génèrent chacun 130 kg de déchets par an. Si une réglementation impose les bonnes pratiques, la maîtrise d’une gestion raisonnée des déchets en entreprise permettrait d’aller au-delà des 30% de déchets actuellement recyclés.

De l’importance du recyclage en entreprise

Se mettre en conformité avec la loi

Concrètement, depuis le 1er janvier 2018, toutes les entreprises de plus de 20 salariés doivent trier et recycler leurs déchets. Le décret principal porte sur le recyclage au sein des entreprises (n°2016-288 du 10 mars 2016), texte issu de la loi sur la transition énergétique entrée en vigueur le 1er juillet 2006.
5 déchets sont soumis au recyclage obligatoire au sein des entreprises du tertiaire : les papiers, le métal (canettes et capsules), le plastique (gobelets et bouteilles), le verre et le bois.

Lutter contre le gaspillage et préserver les ressources

2,4 millions de tonnes de déchets sont générées par les entreprises de bureau par an. Parmi les exemples de gaspillage : le papier. Consommé en grande quantité dans les espaces de travail (près de 75 kg / an / salarié), le papier est 2 fois moins bien recyclé en entreprise que chez les particuliers. Il représente pourtant une des matières les plus facilement recyclées en général. Un paradoxe qui doit encourager chaque collaborateur à montrer l’exemple. L’utilisation de papier recyclé permet ainsi d’économiser 7 kg de fibre de bois correspondant à une ramette de papier A4.
Autre déchet soumis à recyclage obligatoire pour les entreprises : les DEEE, déchets d’équipements électriques et électroniques, avec les cartouches d’encre. Ainsi les ampoules (LED, basse consommation et tubes) sont recyclables à 90% et permettent d’économiser de la matière brute très gourmande en énergie (verre, métal, plastique) et d’éviter l’extraction de certaines matières rares et précieuses (or, cuivre, …).

Être en phase avec les attentes et les enjeux environnementaux

Réduire son impact sur l’environnement est inhérent à votre démarche RSE. D’autant plus que l’attente est forte de la part des employés envers leurs entreprises : 90% des salariés déclarent vouloir trier plus (Source Ademe). À vous, en tant que cadre dirigeant de mettre en place des mesures incitatives pour réduire les déchets en entreprise. Un bon tri participe à la valorisation des déchets et à leur donner une seconde vie : un T-shirt fabriqué à partir de bouteilles en plastique, du papier recyclé pour de nouveaux carnets, etc.

5 conseils pour passer à l’attaque

  1. Concrètement, il s’agit d’analyser la situation et de faire un rapide bilan sur les déchets faciles à trier ou à valoriser au sein des bureaux et dans les espaces communs : Que doit-on trier en priorité et comment ? Où installer les poubelles (bureau, imprimante, salle de pause) ? Peut-on éviter certains déchets à la source ? Pour vous aider, repérez les acteurs-clés, salariés volontaires et managers, qui seront des ambassadeurs de choix dans l’organisation et la mise en place du tri. Se fixer des objectifs permet aussi de mieux évaluer l’efficacité et le suivi de votre programme d’actions sur le long terme.
  2. Suivant la réglementation, des poubelles de tri par type de déchet (cf les 5 flux) doivent être mise à disposition de manière bien distincte les unes des autres par un code couleur afin de faciliter une collecte de tri sélectif efficace. Accompagnez-les d’un affichage explicatif avec des pictogrammes colorés par exemple et des consignes de tri facilement compréhensibles de tous. Certains déchets comme les cartons de livraison peuvent être stockés à part dans un espace dédié en raison de leur volume : leur recyclage s’effectuera par un apport volontaire à la déchetterie ou via un prestataire agréé. C’est le cas notamment des capsules de café recyclables via des filières selon les territoires.
  3. Impliquer et former les acteurs de l’entreprise apparaît ici primordial. Le respect des bonnes pratiques doit faire partie de la culture de l’entreprise. À votre comité d’entreprise ou service de communication interne d’organiser des événements autour de votre démarche : ateliers pédagogiques ludiques, challenges internes, team building, visite d’une usine de traitement des déchets, nettoyage de plage, etc. Toutes ces actions auront pour but de sensibiliser l’ensemble de vos salariés autour de votre marque employeur.
  4. En cas de volumes importants de déchets, vous pouvez vous organiser auprès de prestataires extérieurs, des professionnels de la filière du recyclage spécifique (papier, cartons, capsules de café, etc.) ou avec les autres entreprises pas loin de chez vous afin de mutualiser la collecte. En exemple, le programme Ubicuity® met en place le recyclage des stylos et les transforme en mobilier urbain. L’association pour la défense de l’environnement, l’Ademe, quant à elle, propose des dispositifs d’aide et d’accompagnement des entreprises afin d’optimiser leur système de tri.
  5. Pour aller plus loin que le simple tri et le recyclage de vos déchets, un changement des mentalités sur vos activités de bureau, notamment sur le renouvellement de vos équipements peut être nécessaire et s’avérer payant. Dans un concept de durabilité, le Service Achat “responsable” doit être ici pleinement mobilisé. Il s’agit de pouvoir prolonger la durée des appareils informatiques, de remplacer le mobilier usagé par du mobilier d’occasion ou reconditionné, les cartouches d’impression et les fournitures de bureau par leur version recyclée et rechargeable. Dans le même sens, les bons gestes font des grandes économies : imprimer en noir et blanc, utiliser le verso des feuilles en brouillon, bannir les gobelets jetables de la machine à café et offrir un mug entreprise réutilisable à chaque salarié. Si votre objectif ultime est de faire le moins de déchets possible, allez jusqu’à introduire un composteur à l’extérieur pour les restes alimentaires (biodéchets) qui réduira le poids de vos poubelles, voire des moutons autour de votre bâtiment pour les faire pâturer sur les espaces verts.

Quels sont les bénéfices de cette démarche engagée?

Bien trier ses déchets en entreprise c’est participer à leur revalorisation au niveau local en contribuant au cercle vertueux d’une économie circulaire. Résultats : création d’emplois, réduction des coûts, meilleure empreinte environnementale.

Un soutien à l’économie locale & une solidarité sociale

En triant bien ses déchets, l’entreprise s’implique davantage dans la vie locale et contribue à développer de nouveaux emplois. La plupart des partenaires de collecte et de valorisation des déchets sert en effet de tremplin à des personnes en difficulté d’insertion sociale et professionnelle. La filière de l’économie circulaire englobe ainsi les domaines du réemploi, des services de réparation et de seconde main. D’après l’étude de Federec, la filière, déjà en plein essor, prévoit de créer près de 10 000 nouveaux emplois d’ici 2030, du valoriste à l’ingénieur-concepteur d’écoproduits. Le recyclage des déchets permet aussi de créer de nouvelles matières recyclées. Le développement de la R&D devient alors un levier de compétitivité en matière d’éco-conception du produit pour améliorer sa performance environnementale et économique.

Faire des économies et réduire son bilan carbone

La taxe TGAP (taxe sur les activités polluantes) est en constante augmentation et constitue malgré tout un levier incitatif. En cause ? Une fiscalité privilégiant davantage la filière des déchets recyclables et des mesures drastiques sur la réduction du volume des déchets incinérés et enfouis. Elle vise les Déchets Industriels Banals (DIB), appelés aussi Déchets Assimilés aux Ordures Ménagères (DAOM) générés par les entreprises. Sur le principe pollueur-payeur, mieux vaut donc trier et réduire la part des déchets non–recyclables pour diminuer fortement votre facture ! Dans le même temps, recycler ses déchets est bon pour l’environnement : la page d’accueil de la Fédération professionnelle des entreprises du recyclage, FEDEREC, affiche, sur son site Internet, en continu, un compteur sur la quantité de CO2 évitée grâce au recyclage depuis le début de l’année (+ 5 millions de tonnes).

Une image positive autour d’engagements communs

Mettre en place de bonnes pratiques en entreprise concernant le tri et le recyclage des déchets de bureau permet non seulement de réduire les dépenses liées au gaspillage et au coût de fonctionnement de l’entreprise, mais de renvoyer une image positive en interne et en externe. Cela créé une nouvelle forme de convivialité et instaure un lien fédérateur entre collègues autour d’objectifs communs. Un bon point également pour attirer, lors de vos prochains recrutements, de nouveaux salariés désireux de trouver des valeurs qui leur ressemblent.

En définitive, l’entreprise privilégiera dans l’ordre une gestion raisonnée des déchets, à savoir :

  • le réemploi,
  • le recyclage,
  • la valorisation énergétique et biologique,
  • l’élimination, en dernier recours.

Fondateur de l’économie circulaire, le principe du recyclage est également une nouvelle richesse humaine et environnementale bénéfique pour tous. Même s’il n’est pas une fin en soi, il présente un enjeu stratégique qui s’inscrit dans une démarche écoresponsable plus globale qui tend à nous amener vers le zéro déchet. À méditer également sur le thème d’une plus grande sobriété numérique…